Un enfant de Saint-Malo

Philippe NEVEU est un enfant de Saint-Malo, la « cité corsaire » comme l’appelait Louis XIV, la patrie de René Duguay-Trouin et de Robert Surcourf, le port d’attache de Jacques Cartier, découvreur du Canada.

Son père dirigeait un grand chantier naval et c’est au milieu des bateaux que Philippe NEVEU a grandi, imprégné des odeurs du métal, du bois, du coaltar, de la peinture et du vernis. Il était émerveillé par les maquettes fabriquées dans l’atelier. Et pour lui « chaque lancement de bateau était une fête » qu’il ne manquait jamais : « les officiels tirés à quatre épingles, la marraine tout de rose vêtue et les petits fours à foison. »

Pendant les vacances, « que la mer soit d’huile ou formée », il montait à bord des bateaux sortis du chantier pour les essais. « Blotti contre une cloison, bien au chaud dans la chambre des machines», il dévorait « l’énorme casse-croûte préparé par le cuisinier du bord pendant que les armateurs, ingénieurs, mécaniciens et capitaines procédaient aux mesures et aux réglages des appareils de navigation. » Lycéen, Philippe NEVEU faisait des stages d’été dans le bureau d’études du chantier paternel où il apprenait à reproduire les plans, à manier le « rotring », les pistolets à dessin, les règles souples et le grattoir. Et il était comme tous ses copains, passionné de voile et naviguait en « Caravelle », en « Vaurien », ou en « 420 ».

A Saint-Malo, les antiquaires de marine ancrés dans le quartier de la cathédrale faisaient rêver Philippe NEVEU : maquettes de bateaux, scrimshaws, sabres d’abordage, longues-vues, instruments de navigation, coffres de marin en camphrier, mobilier de paquebot, casques de scaphandrier…

Dès l’âge de vingt ans, c’était « un collectionneur acharné ». Avec la camionnette achetée avec ses premiers salaires d’ingénieur, Philippe NEVEU, comme ses amis, visitait les antiquaires de la côte anglaise « pour chiner de fabuleux objets et des tableaux de marine ». Après avoir travaillé plusieurs années dans un groupe informatique, international, Philippe NEVEU fonde son entreprise d’ingénierie qu’il finit par vendre en 1994 pour ouvrir à Saint-Malo un commerce d’antiquités de marine et d’objets d’art. Il se spécialise en plus dans la restauration de tableaux tout en se formant auprès d’un maître ébéniste pour tout savoir du travail du bois aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.
Depuis 2001, Philippe NEVEU met sa passion, son oeil aiguisé, son savoir-faire, « ses expériences au plus près de la matière » et son immense connaissance des objets de marine au service de l’expertise.