Art tribal dans la baie du Mont Saint-Michel

Laurent Dodier exerce avec passion son métier de marchand d’art dans sa galerie située dans la baie du Mont Saint-Michel où il présente des objets rares issus des cultures africaines, océaniennes et des Amériques, collectés sur le terrain ou provenant de grandes collections. Et cela depuis 1989. Devenu expert en art tribal, il rejoint en 2005 la C.E.A (Compagnie d’expertise en antiquités et objets d’art) puis en 2011 la C.E.D.E.A (Confédération européenne des experts d’art). En 2012, le président de l’Université Panthéon-Assas lui confère le diplôme « Droit et technique de l’expertise des œuvres d’art ». En 2015, il devient membre du S.F.E.P (Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art et objets de collection) et en 2018, membre du S.N.A (Syndicat national des antiquaires négociant en objets d’art).

Parcours des mondes

Laurent Dodier participe chaque année aux quatre événements majeurs que sont Paris Art Tribal et le Parcours des mondes à Paris, le Bourgogne Tribal show à Besanceuil et le Tribal & Textile Art show à San Francisco. En 20 ans, Parcours des mondes s’est imposé comme le grand salon international des arts premiers. Avec une cinquantaine d’exposants sélectionnés parmi les plus grandes galeries du monde. Chaque année, ils présentent à Saint-Germain-des-Prés à Paris leurs plus belles pièces à l’occasion d’une exposition thématique inédite assortie d’un catalogue. Pour la 19 e édition du 8 au 13 septembre 2020, Laurent Dodier avait ainsi réuni une cinquantaine de poulies de métiers à tisser venues de la Côte d’Ivoire, des pays Baoulé, Gouro et Sénoufo.

Jean Roudillon, « un mentor, un frère d’arme, un ami »

Cette exposition, Laurent Dodier l’a dédiée à l’expert Jean Roudillon, bien connu à Rennes Enchères, un « mentor », un » frère d’arme », un « ami », disparu en septembre 2020, à 97 ans. Il lui a rendu un vibrant hommage dans la préface de son catalogue : « La tradition orale, si chère à l’Afrique correspondait bien à Jean Roudillon. C’était un conteur, un magicien des histoires. Que de choses apprises pendant les 40 premières années de ma vie de marchand. Je le remercie pour tout cela. Dans son antre, du boulevard Saint Germain, nous aimions palabrer pendant des heures. Nous parlions des objets, de ceux que l’on aimait tous les deux et on se retrouvait dans l’amour des petits objets précieux, précisément de ces petits chefs-d’œuvre que sont les poulies de métiers à tisser. A sa dernière vente de la collection Yoyotte, nous dissertâmes longuement sur une poulie dont nous apprécions tous les deux la merveilleuse petite tête mais tout en ne pouvant faire abstraction de l’étrier un peu plus banal. Nous étions passionnés tous deux par la vie mystérieuse de ces précieux objets. Et par tant d’autre choses encore… ».

Champs d’expertise

« L’estimation des objets d’arts tribaux n’est pas chose aisée. Seul un spécialiste au cœur du marché peut s’y aventurer » souligne Laurent Dodier. Il faut une parfaite connaissance non seulement des cultures africaines, océaniennes et des Amériques mais aussi des différentes ethnies, de leurs croyances et de leurs rituels. Et un regard exercé pour reconnaître par exemple et au premier coup d’œil, un masque de danse « Okuyi » caractéristique du pays Punu au Gabon avec sa face blanche, ses scarifications en forme d’écaille disposées en losange, ses sourcils arqués, ses yeux fendus, sa coiffure en chignon à nattes latérales. « Avant de prendre une décision quelle qu’elle soit, concernant un objet d’art, il faut savoir ce que l’on possède » : une figure de reliquaire du pays Kota au Gabon, surmontée d’un croissant ; un étrier de poulie de métier à tisser anthropomorphe du pays Baoulé en Côte d’ivoire ; un cimier de danse TI y WARA couronné d’une antilope, porté par les Bamana au Mali… Laurent Dodier expertise tous les objets venus d’Afrique, d’Océanie et des Amériques : dans le cadre d’un contrat d’assurance, d’une succession ou d’un partage. Il peut faire office de conseil et d’intermédiaire dans l’éventualité d’une acquisition, d’une vente à l’amiable ou d’une vente aux enchères.

HOMMAGE À JEAN ROUDILLON (1923-2020)

Expert en Arts premiers pour Rennes Enchères

Laurent Dodier est le digne héritier de Jean Roudillon disparu en 2020, l’un des plus grands experts français en Arts premiers. Pendant une dizaine d’années, Rennes Enchères a eu la chance de bénéficier de son talent en matière d’expertise, de son érudition, de son extraordinaire curiosité et cela jusqu’au terme de son existence.

Jean Roudillon avait de qui tenir : un arrière-grand-père ébéniste au faubourg Saint-Antoine, un grand-père collectionneur et un père antiquaire. Jean aimait raconter comment celui-ci, dans les années trente, invitait le petit garçon qu’il était à aiguiser son œil en soumettant à son expertise, déjà ! toutes sortes de masques africains. Pour le familiariser aux singularités de chaque ethnie, lui donner le goût de l’art, de la connaissance et du voyage par la seule force expressive des objets venus des civilisations lointaines. Formé à l’Ecole du Louvre, devenu expert quelques années après la Libération, Jean Roudillon a exercé son métier avec passion. Dans le Paris des années cinquante, les écrivains et les artistes surréalistes (André Breton, Tristan Tzara) s’enthousiasmaient alors pour les arts dits primitifs, à l’exemple de Picasso et de Matisse quelques années plus tôt.

60 ans d’expertise !

En 60 ans d’expertise, anniversaire qu’il avait fêté en septembre 2019 avec Maître Carole Jézéquel, commissaire-priseur et les experts de Rennes Enchères, en particulier Pierrette Rebours, sa complice de toujours, Jean Roudillon a vu passer des milliers d’objets dans sa galerie d’art et dans les ventes publiques. Ainsi pour l’Afrique, des masques, des cimiers de danse ornés de gracieuses antilopes comme ceux que portaient les Bamana lors des fêtes agraires au Mali et dont le prix, en 50 ans, a été multiplié par six ! Jean Roudillon connaissait les arts des cinq continents. Que de voyages à travers le monde et que de belles découvertes pour Rennes Enchères ces dernières années : un masque amérindien de la Colombie Britannique (Ouest du Canada) vendu 207 500 euros, un pendentif Kap-Kap de l’île de Santa Cruz, une tête d’Isis-Aphrodite de l’époque romaine, vendue 110 700 euros…