JULES-AUGUSTE HABERT-DYS – 1850-1928
Habert-Dys. Un virtuose du dessin, doué de tous les talents !
Peintre, graveur, illustrateur, écrivain d’art, céramiste, verrier, orfèvre, il semble fait, dès ses débuts, pour l’Art Nouveau ! Une étonnante capacité d’invention, une vitalité créatrice peu commune, une passion pour les arts décoratifs, une parfaite connaissance de la flore et de la faune, sources de son inspiration, un sens inné de l’ornement ! Voilà les qualités de l’artiste, toujours désireux de surprendre ! Tant par l’originalité des formes que par le raffinement des matières : or, argent, bronze, émail, ivoire, ébène… Originaire du Loir-et-Cher, né à Fresnes en 1850, Habert-Dys est admis en 1874 dans l’atelier de Gérôme, professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, grande figure de la peinture officielle, l’année où Monet fait scandale avec «Impression, soleil levant». Habert-Dys maîtrise le dessin : sûreté du trait tout en finesse et en mouvement, précision du détail ainsi qu’on le voit dans ses «Fantaisies décoratives», un ouvrage imprimé par Charles Gillot en 1886 : 48 planches en couleur «pour servir à la décoration des faïences, meubles , tissus, bijoux…» 200 motifs dont 16 inspirés par les insectes… En 1876, Habert-Dys expose deux panneaux de faïence au Salon des Artistes français et met ses talents au service du porcelainier Charles Haviland dans l’atelier de la rue d’Auteuil à Paris dirigé par Félix Bracquemond. Découvreur d’Hokusai, celui-ci s’enthousiasme pour l’art du Japon à l’exposition internationale de 1878, enthousiasme communicatif !
Entre 1881 et 1887, Habert-Dys réalise 500 dessins pour la revue «L’art», signés Habert-Dys (Dys du nom de sa mère). Ils inspirent nombre de créations françaises et anglaises : céramiques, éventails, papier peint, joaillerie, verrerie, orfèvrerie… Au tournant du 20 e siècle, Habert-Dys passe à l’exécution et compose des pièces uniques pour le Salon des artistes français entre 1903 et 1906 : un coffret en ébène de Macassar (1902), remarquable pour ses panneaux émaillés au décor japonisant et ses fleurs en argent ciselé, des coupes en cristal, des vases en agate aux motifs végétaux exubérants !!!
Daté de 1905, année de l’exposition universelle, le vase présenté par Rennes Enchères est de loin la pièce la plus étonnante ! Exécuté avec le concours du talentueux Fernand Poisson établi au 242 rue Saint-Jacques à Paris, il montre trois cigales de belle taille. En argent ciselé, délicatement ajourées et rehaussées d’émail, les ailes dissimulent le corps du vase. L’abdomen et la tête aux yeux d’agate sont en bronze patiné. La vérité des détails naturalistes force l’admiration ! Professeur à l’Ecole des Arts Décoratifs en1907, Habert-Dys crée des flacons de cristal coloré sur lequel il coule du métal en ménageant des interstices pour capturer la lumière, comme le font les Japonais dans le travail du grès, ce qui lui vaut une médaille d’or au salon de 1913. La guerre de 14-18, la santé déclinante de sa femme, les difficultés financières freinent l’élan créateur d’Habert-Dys au moment où l’Art Déco naissant porte un coup fatal à l’Art Nouveau !
